Piste 9 :Le Petit Chaperon Rouge. Deux contes qui appartiennent à notre patrimoine national, le Petit Poucet et le Petit Chaperon Rouge permettent d’illustrer ce que la tradition orale a été, par l’intervention de Charles Perrault, des frères Grimm, puis des éditions pour la jeunesse, censurée, mutilée et même sur certains points pervertie. Certaines de ces transformations (adjonction d’un dénouement optimiste) ont sans doute été dictées par le souci d’adapter le conte au destinataire enfantin. Dans le Forez, le Petit Chaperon Rouge est connu par deux versions : celle qui se racontait du côté d’Usson en Forez, et l’autre qui avait cours à Saint Jean Soleymieux. Dans cette dernière, le conte utilise un vocabulaire lié au travail du fil : l’épingle (ou l’épine) « pour s’attifer » (dentelle et décorations), l’aiguille « pour travailler » (couture et confection d’habits ), qui relève du savoir faire féminin. Dans cette version, le conte retrace une aventure où se lit le destin des femmes dans le choix des chemins : celui des épingles ou des aiguilles. Il ne faut pas oublier que les ustensiles de couture jouent un rôle important dans l’éducation des filles, même si ce choix de chemin apparemment absurde surprend toujours l’adulte. « Ramasser les épingles » était une expression de la couturière chargée de dégrossir à ces travaux les gamines qui entraient ainsi dans la vie de « jeune fille ». Cela sous entendait la permission d’aller danser, d’avoir un amoureux, sans compter que les épingles pouvaient être un instrument de défense contre les garçons trop entreprenants. La version d’Usson, est un conte d’avertissement . L’héroïne transgresse l’interdiction formulée et appelle le châtiment sur elle, prévenant ainsi les enfants, des dangers qui les menacent. Le Petit Chaperon Rouge fait partie des contes les plus demandés au début du XIXème siècle. Les versions orales, insistant sur les rôles féminins de la couture notamment et sur la succession de la petite fille à sa grand-mère n’ont jamais dépassé le cercle des veillées et franchi la porte des éditeurs. Elles sont restées enfouies dans les monts du Forez, reflet d’une société ancestrales, « impopulaires » du point de vue de la société d’aujourd’hui.