Écopôle du Forez : au paradis des oiseaux

Cris et piaillements sont au passage de la Nef (*) assourdissants. Des colonies de mouettes remuent sur les plateformes. Foulques et canards se pressent à Chambéon sous le ciel orageux, fendant les eaux minérales du fleuve en crue. Exploité pour son gravier, ce bras de la Loire est en 1987 repris aux Hommes.

L’association FNE (France Nature Environnement) rachète les parcelles pour en faire un lieu de conservation. L’Écopôle s’assure
très vite une place sur les grandes routes migratoires.

On y vient aujourd’hui suivre le ballet des volatiles. La balade prend tout son intérêt en compagnie d’un guide naturaliste. Petits et grands progressent à l’affût sur les sentiers, traquant la vie dans leurs jumelles (le matériel est prêté à l’accueil). Très vite, les groupes se prennent au jeu. Jamais le spectacle n’est aussi beau que dans la pénombre des observatoires. « Voyez, là-bas, près de la roselière, un grèbe huppé. Et plus loin, une nette rousse ». Les néophytes s’ouvrent au monde fascinant de l’ornithologie.

(*) bâtiment d’accueil sur pilotis

En forêt, colverts et autres « plongeurs » s’effacent au profit des relevés d’empreintes. On suit à la trace blaireau, sanglier et chevreuil, jusqu’à pénétrer le territoire du castor réintroduit en 1994. C’est ludique, instructif, ressourçant.

Impossible de manquer, au retour, les animations enfants : ateliers, mare pédagogique, contenus numériques et petite bibliothèque. L’orage nous surprend encore, en fin de journée, le dos courbé sur les optiques (très belles longues-vues à disposition derrière les vitres du bâtiment principal). Difficile de s’arracher au spectacle. Nous reviendrons.. 

              274 espèces d’oiseaux                fréquentent l’Écopôle selon la saison : Aigrettes garzettes, Canards chipeaux, Foulques macroules…                                  10 km                                de sentiers traversent le site. Pour découvrir la forêt alluviale, les gourds, les étangs.

Administrateur de France Nature Environnement

30 ans que le castor d’Europe a fait son retour dans le Forez. Quels souvenirs gardez-vous des opérations de réintroduction menées en 1994 à Chambéon ?

L’animal avait obtenu en 1968 le statut d’espèce protégée après avoir frôlé l’extinction. Longtemps, on l’avait chassé pour sa viande (assimilée à du poisson), sa fourrure et son castoréum riche en acide salicylique (un composé de l’aspirine). Encore fallait-il convaincre le ministère et le Conseil national de protection de la nature de la nécessité d’une réintroduction.

Avec les barrages de Grangent et Villerest, il paraissait impossible que l’espèce retrouve naturellement cette portion de la Loire. Paris a donc donné son feu vert. 13 individus ont été capturés dans la vallée du Rhône, en Ardèche, en Savoie et dans la Drôme par l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage). Je faisais les voyages avec eux sur l’autoroute. Ma seule crainte : que ma vieille bagnole ne tombe en panne ! Bob, Roméo, Juliette et consorts ont tous été relâchés sur l’Écopôle.

Comment le grand public a-t-il réagi ?

On leur a globalement fait bon accueil. Il faut dire qu’une grosse part du budget était consacrée à la communication et à la pédagogie.

Et l’opération s’est révélée un vrai succès…

Oui, certains couples se sont installés sur site ; on peut les observer le soir en sortie nature. D’autres ont émigré plus loin. Leurs descendants ont colonisé la plupart des affluents : Lignon, Vizézy, Coise, Aix, Isable, Mare, Loise…