[INTERVIEW] - Reine Mazoyer, créatrice d'une œuvre pour la Bâtie d'Urfé
Le Département soutient la création contemporaine. Il a passé commande d’une œuvre à Reine Mazoyer, artiste originaire de Montbrison, pour la Bâtie d’Urfé.
Le 2 septembre 2024
Ce contenu vous est proposé en lien avec l'association "Donne-moi tes yeux".
L’une de vos œuvres a pris place dans les jardins de la Bâtie d’Urfé. Quelle est son histoire ?
C'est une commande du Département sur laquelle j'ai travaillé plus d'un an et pour laquelle j’ai lu et relu L’Astrée. Mon œuvre s’inspire du roman, parle d’amour et de travestissement. Deux notions symbolisées par des masques de couleurs primaires, empruntées au blason de la famille d’Urfé. Ces objets en céramique décorent un olivier de 700 ans d’âge (plus vieux que la Bâtie !). Un symbole de réconciliation en ces périodes troublées.
Vous avez vécu trois vies, aimé trois hommes. Quel rôle ont-ils joué dans votre carrière ?
J’ai connu mon premier mari, Robert Mazoyer, au sortir des Beaux-Arts à Saint-Étienne. Je bloquais à l’époque sur la réalisation d’un nu à la manière de Bonnard. J’étais très en colère le jour de notre rencontre. Nous avons échangé quelques mots sur la toile, sommes sortis dîner puis nous nous sommes retrouvés sur Paris. Il avait 15 ans de plus que moi, m’a fait découvrir le cinéma. J’ai été engagée comme chef décoratrice. Ensemble, nous avons travaillé sur Les gens de Mogador, L’enchantement, Au plaisir de Dieu, Les poneys sauvages… Je peignais entre deux tournages. Son décès, en 1999, après celui de notre fils, en 1992, est venu tout bouleverser.
Comment avez-vous rebondi ?
J’ai mis notre maison en vente. Un Anglais s’est présenté. Il est tombé amoureux de mon travail, m’a proposé de refaire la décoration d'une brasserie en Pologne. J’ai tout quitté en l’espace de 24 heures. Le chantier a duré des mois. Puis j’ai travaillé sur des films documentaires, des toiles exposées à la Cop 21. M. Gilmour ne manquait jamais de projets. Nous avons vécu 12 années ensemble jusqu’à sa disparition.
Votre créativité est aujourd’hui plus… littéraire.
Elle m’est inspirée par mon troisième compagnon. Il est prof de math mais se passionne pour la poésie. Il écrit des vers, je les illustre.
Que vous évoque le Forez ?
Des souvenirs d’enfance. Mon père était antiquaire à Montbrison. Peintre amateur. Le soir, nous nous installions tous deux devant son chevalet. Je lui dois ma vocation.
2 ateliers
Reine Mazoyer partage son temps et ses créations entre un atelier en Dordogne et un à Paris. Elle était déjà, il y a deux ans, l'invitée du Musée d'Allard dans le cadre d'une exposition rétrospective intitulée "Rencontres imaginées".
11 800 €
Le montant versé par le Département pour l’œuvre de Reine Mazoyer. Une somme investie au titre de la politique d’acquisitions culturelles.
21 et 22 septembre
Découvrez l’œuvre de Reine Mazoyer en compagnie d’un médiateur culturel les 21 et 22 septembre à 11, 14 et 17 heures.
© Vincent Poillet