En avant pour l’emploi

Le Département de la Loire expérimente un dispositif d’accompagnement de bénéficiaires du RSA via le sport pour les aider à se remettre en mouvement. Et ça marche ! Testé par une douzaine de roannais, il devrait s’étendre à d’autres territoires…

Stade Malleval à Roanne, 9h15. « Ça pique ! » s'exclame Grégory. Il sautille sur place pour mieux combattre le froid ambiant. Malgré un soleil éclatant, le mercure affiche un glacial -4°C qui vient rosir les joues et les oreilles. Un beau manteau de givre recouvre la nature environnante ; pas de doute, l'hiver s'est bel et bien installé dans la Loire. Un temps à rester bien au chaud chez soi ? Magali, Régis, Véronique* et leurs camarades ont enfilé leur tenue de sport.

* Prénoms d’emprunt

LE SPORT, CE REMONTANT

Bravant la météo, ces douze bénéficiaires du RSA n'auraient manqué pour rien au monde leur séance de sport du mardi matin. Un rendez-vous qu'ils prennent plaisir à retrouver. Après un petit échauffement destiné à bien préparer leurs muscles et articulations, place à quelques tours de terrain au pas de course, suivis d'un passage de relais dans les règles de l'art. « Bravo Patrice, c'est super », s'exclame Virginie Perrin, agent du Département à l'origine de cette initiative. Elle l'a mise en place à l'automne dernier avec ses collègues Adeline Roche, comme elle athlète de haut niveau, et Emmanuel Rancon. « Les bénéficiaires du RSA sont parfois dans l'inactivité ou très isolés socialement. Nous sommes convaincus que le sport est l'une des meilleures façons pour aller de l'avant. »

S'OUVRIR AUX AUTRES

Basket, escrime, tennis de table, athlétisme, marche nordique, vélo... Le groupe a pu s'essayer à diverses activités. « L'escrime, c'est une belle découverte, apprécie l'un des bénéficiaires. La marche nordique aussi. » Grégory partage son enthousiasme. « J'aime le sport. Grâce à cette opération, je peux rencontrer du monde, partager des idées. C'est positif dans tous les sens du terme. » Plus que quelques mètres ! Entre deux foulées, Adeline et Virginie encouragent Régis, qui a repris goût au sport grâce à ces sessions hebdomadaires. Il a même largement diminué sa consommation de tabac. Au fil de l'expérimentation, certaines personnes ont gagné en confiance et adopté une nouvelle hygiène de vie : « Elles ont recommencé à sourire, discuter, rythmer leur journée... » Un coup de boost indéniable pour leur recherche d'emploi : cette nouvelle dynamique a aidé plusieurs bénéficiaires à entreprendre des projets de formation ou à décrocher un entretien.

NOURRIR SON CORPS ET SON ESPRIT

10h05. Après l'effort, Émeline Forest, diététicienne au Département, dispense quelques conseils. « Bien s'alimenter avec peu de moyens, c'est possible », lance-t-elle. Féculents, légumes, matières grasses, produits laitiers... Pendant une heure, elle passe en revue les grandes familles de nutriments avant de livrer quelques astuces. « Privilégiez les matières non transformées. Vous pouvez aussi utiliser des légumes surgelés, moins onéreux et avec de bonnes qualités nutritionnelles. » Magali l'écoute avec attention. Bien qu'en situation de précarité financière, pas question pour elle de rogner sur sa santé. « Quitte à acheter en quantités moindres, je me fournis à la ferme du coin, bio et locale, témoigne-t-elle. Le prix y est parfois moins élevé qu'au supermarché. J'y arrive, pourquoi pas vous ? » Virginie et Adeline, elles, mesurent le chemin parcouru par leurs apprentis sportifs. Ne pas baisser les bras et prendre soin de soi : et si c'était là l'une des clés de la réinsertion ?


Printer-friendly version - New tab Envoyer à un ami Haut de page :