Sur le tournage des "Sauvages"
Un mardi comme les autres ou presque sur le parvis de la gare de Châteaucreux. Il est 15 heures et un calme trompeur règne sur l'esplanade de France à Saint-Étienne. Futurs et ex-usagers du train déambulent comme à l'accoutumée, bientôt rejoints par une poignée de badauds. Qui pourrait croire qu'à seulement quelques mètres de là, derrière la statue du Fusillé, l'agitation est tout autre ? Nous sommes le 5 mars, premier des vingt-cinq jours de tournage des Sauvages dans la capitale ligérienne. Maquilleuses, réalisatrice, cameramen, scripte, accessoiristes et assistant opérateur s'activent. « Voici la réalisatrice Rebecca Zlotowski, je vous présente aussi son bras gauche », plaisante Marco Cherqui, co-producteur de la série, en saluant son assistante.
L'ENVERS DU DÉCOR
Action ! Un Range Rover noir flambant neuf s'élance. À son bord, ou plutôt contre la portière avant gauche, une énorme caméra. « Doucement », lance une voix masculine. « Prenez garde aux bosses ! Il ne faudrait pas que le matériel se décroche. » À l'intérieur de la grosse cylindrée, on distingue les acteurs, mais pas seulement. On devine aussi des silhouettes plus inattendues. Comme celle de la réalisatrice. Elle s'est installée sur la banquette arrière pour mieux donner ses directives. « Rebecca est très dirigiste pendant les prises et effectue un travail minutieux, explique Marco Cherqui. Elle réalise ainsi une direction d'acteur très précise. » Plus surprenant : le coffre abrite lui aussi un passager clandestin. On y découvre l'ingénieur du son, casque vissé sur les oreilles. Fin de la prise. Le soleil brille, il est l'heure de faire une pause rafraîchissement.
« ICI, C'EST SUPER AGRÉABLE »
Les figurants attendent patiemment le signal de départ. « J'habite à Montreynaud. Ce tournage, c'est bien pour le quartier », apprécie Farès. Pour Marco Cherqui, venir à Saint-Étienne était « absolument indispensable ». Agréablement surpris par les paysages, il se réjouit également de l'accueil réservé à ses équipes. « Nous avons travaillé avec des gens d'ici pour le casting. Tout le monde a été extraordinaire. Nous avons choisi de montrer de nouveaux visages, de donner la parole à des gens qui ne l'ont pas souvent, comme je l'ai fait pour Le Prophète. » Ça bouge : les deux principaux comédiens de l'après-midi, Dali Benssalah et Carima Amarouche, viennent de passer aux raccords maquillage. Clés, argent, valises, sac de sport... L'accessoiriste vérifie que rien ne manque. Carima Amarouche descend de la berline. Inlassablement, elle reproduira la même scène. Jusqu'à ce que tout soit parfait. « Super, on la garde. Coupez ! »