[PORTRAIT] Dorine Bourneton : pionnière du ciel

Originaire de Noirétable, Dorine Bourneton est la seule femme paraplégique au monde pilote de voltige aérienne. Son fabuleux destin fait l’objet du téléfilm Au-dessus des nuages, interprété par Alice Taglioni, diffusé le 9 novembre sur TF1.

Cheveux au vent, sourire radieux, droite comme un I… Dorine Bourneton est un beau brin de femme dans un monde strict d’hommes, une dame paraplégique dans un univers où acrobatie s’interpose au handicap. Et pourtant ! Incarnée par l’actrice Alice Taglioni dans un téléfilm qui sort cette fin d’année sur TF1, Au-dessus des nuages, Dorine Bourneton et son combat de femme laissent rêveur. « C’est mon père qui m’a transmis le virus de l’aviation », raconte-t-elle, rayonnante. Dans la maison familiale de Noirétable, la jeune Dorine dévore les livres sur l’Aéropostale. Sous le regard frileux de son grand frère, elle décide de partir à la conquête du ciel. C’est à 15 ans qu’elle suit la trace de son modèle Antoine de Saint-Exupéry et fait son premier vol en solo. Dorine rêve de devenir pilote professionnelle. Tutoyer les nuages, sentir la montée d’adrénaline… « C’est comme jouer d’un instrument de musique avec la prise de risque en plus. On atteint le summum ! »

Dans les airs, on oublie le handicap. "


Mais à l’âge de 16 ans, sa vie vole en éclat. En 1991, l’adolescente est passagère d’un avion de quatre places. Pris dans la tourmente des nuages, l’appareil s’écrase en Haute-Loire. Dorine est la seule survivante. Lorsqu’elle apprend la perte de l’usage de ses jambes, ses espoirs de piloter s’envolent. Mais la Ligérienne se forge des ailes. À 19 ans, elle s’échappe à Toulouse où un aéroclub dispose d’avions adaptés. Un an plus tard, elle décroche son brevet de pilote.

 

Impossible n'est pas Dorine

« Impossible, ce métier est interdit aux handicapés. »  Une phrase que la jeune femme entend à répétition lorsqu’elle évoque ses souhaits professionnels de pilote. Dorine remue alors ciel et terre pour prouver que le handicap n’empêche pas d’atteindre le septième ciel. Avec son fidèle ami Guillaume Féral, pilote, lui aussi en fauteuil, la fougueuse Dorine se bat jusqu’à la signature par Dominique Bussereau en 2003 de l’Arrêté ministériel qui autorise les personnes handicapées à devenir pilote professionnel. C’est comme une revanche en plein ciel. « Ensemble, nous avons pris le contrôle de nos vies. Ça a pris du temps. Dans la vie, j’ai cessé d’espérer, j’ai appris à vouloir. » Dorine laisse l’aviation de côté pour entrer dans l’audiovisuel. Mais « je déprimais ! ». En 2011, elle reprend son envol : elle effectue une démonstration de voltige aérienne au Bourget. Puis en 2015, elle décroche sa qualification de pilote de voltige.
C’est Dorine Bourneton version « Top Gun ». Accro aux loopings, cette conférencière et marraine de la Fondation Saint-Exupéry pour la jeunesse déploie encore plus grand ses ailes. « Dans le ciel, je suis en quête de perfection. Je me sens légère, je danse… j’oublie le handicap. Et quand j’atterris, je chante et je ris aux éclats. On doit me prendre pour une folle ! » sourit-elle. Trois ans plus tard, elle remporte une compétition face à des pilotes valides : « Le handicap ne ferme pas le champ des possibles, il ouvre d’autres voies. » Créatrice de l’association Envie d’Envol, sponsorisée par l’entreprise ligérienne Beckers France, elle travaille pour l’inclusion des personnes handicapées au travers de la voltige aérienne. Pour celle qui a subi un crash : « Mon chemin ne cesse de s’élever. »

>> En 5 dates

2020 Téléfilm diffusé sur TF1

2016 Rue Dorine Bourneton à Andrézieux-Bouthéon

2015 Autobiographie Au-dessus des nuages chez Robert Laffont

2015 Chevalier de la Légion d’honneur

1991 Seule survivante d’un crash

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