[DOSSIER] Une filière qui a du sens

Depuis 23 ans à Verrières-en-Forez, Abiessence transforme de la lavande, menthe ou camomille en huiles essentielles. Plus qu’une distillerie, elle fait aussi un travail de forestier. Reportage.

Les podcasts de l'article

Émission de la radio RCF

Au coeur des monts du Forez, l’exploitant forestier Nathan Cros sillonne les petites routes boisées entre Chalmazel et Bas-en-Basset. « Dans ce secteur, on trouve de multiples essences d’arbres dont beaucoup de résineux », souligne le responsable du pôle bois, Abies-Bois. Sapins, hêtres, douglas, épicéas… Un parfum de résine embaume l’air. Les bûcherons s'affairent entre les troncs et les branchages, leur matériel à la main. « Ils sont trois bûcherons, trois débardeurs et un technicien à travailler en forêt. Ce sont des jeunes qu’on embauche. » Ici, ils sont dans leur élément. Quant à Nathan, il chapeaute chaque jour trois chantiers.

UNE ÉCONOMIE LOCALE BIEN HUILÉE

Abies-Bois acquiert des arbres sur pied auprès de propriétaires privés ou de l'Office national des forêts. Les épineux alimentent Abiessence en aiguilles pour la distillation : huiles essentielles, eaux florales... L'alambic de l'entreprise profite aussi des branches restantes, gorgées d'essence. Environ 70 remorques de branches vertes de résineux partent chaque année à la distillerie. Un pari fou que le biochimiste de formation, Joël Ruiz, s’est lancé en 1999. « Aujourd’hui, nous comptons une trentaine d’employés », précise cet amoureux de la nature. Complémentaire à la distillerie, la société Abies-Bois valorise et exploite l’arbre en totalité. « Un arbre = neuf produits et zéro déchet », résumet- il. Le bois commercialisable est envoyé à la scierie pour être transformé puis vendu. Les débits s’enchaînent pour les particuliers et les professionnels tels que les charpentiers ou les menuisiers. Au fil du temps, la scierie a étoffé sa gamme avec des produits de bois d’intérieur (lambris, plancher, mobilier intérieur...) et extérieur (mobilier de jardin, bardage, lame de volet, terrasse, etc.). Quant au bois non commercialisable, il est utilisé en bois de chauffage ou plaquette de chauffage. « Nous fournissons six chaufferies communales. » Cette entreprise soucieuse de l’environnement est bien loin de « déplumer » nos forêts. « Abies-Bois attache une grande importance à replanter des essences locales pour faire de la gestion durable », explique Nathan Cros en faisant visiter la scierie basée à Gumières. Ils sont trois scieurs et c’est le frère de Joël, Emmanuel Ruiz, le responsable de ce secteur. « Nous comptons à ce jour seize clients… C’est également à la demande. » Il faut admettre que le bois est un matériau noble, respectueux de la planète et qui a de l’avenir. Notamment d’un point de vue économique. « On va embaucher un cariste et un autre scieur. » Promenonsnous dans les bois…

Version imprimable - Nouvelle fenêtre Envoyer à un ami Haut de page :