[PORTRAIT] Perrine Coste, bien dans son basket
SAVOIR OSER : TEL EST LE LEITMOTIV DE PERRINE COSTE.
LA BASKETTEUSE DU CLUB HANDISPORT FORÉZIEN A SU REBONDIR AVEC BRIO FACE À SA PARAPLÉGIE. JUSQU’AUX JEUX PARALYMPIQUES DE RIO CET ÉTÉ, DONT ELLE GARDE UN SOUVENIR INTENSE.
« Si on m’avait dit il y a quelques années que je participerais aux Jeux paralympiques, je ne l’aurais jamais cru. » Et pourtant, la Ligérienne Perrine Coste a bel et bien défilé le 7 septembre, à quelques mètres du champion de tennis en fauteuil Mickaël Jérémiasz, le porte-drapeau tricolore. Un moment chargé d’émotion. « Je me souviens quand nous sommes entrés dans l’arène. On a tous attendu cet instant des mois, voire des années, et on le savoure, portés par la foule. » Un bonheur d’autant plus apprécié que la vie n’a pas épargné Perrine. Paralysée suite à un accident de mobylette à l’âge de 15 ans, elle ne s’est pas départie de son optimisme naturel. « J’aime les gens et la vie. Je vois toujours le verre à moitié plein. Même dans les échecs ou les épreuves », confie cette jeune femme rayonnante qui a grandi dans le Roannais, à Pouilly-les-Nonains. Aurait-elle connu Rio sans son fauteuil ? La basketteuse s’interroge. « Je suis une personne plutôt réservée à l’origine mais j’ose beaucoup plus depuis mon accident. Il a aussi agi comme un déclic chez mes proches : certains ont changé de vie. »
" Est-ce que j'aurais fait tout ça
en étant sur mes deux jambes ? "
Pas question donc, pour elle, de s’apitoyer sur son sort. C’est d’ailleurs le handicap qui l’a menée vers le basket, elle qui pratiquait la danse et l’athlétisme dès son plus jeune âge. Lorsqu’elle a perdu l’usage de ses jambes, cette athlète dans l’âme n’aurait abandonné le sport pour rien au monde. « Après une mauvaise journée, il me permet de me défouler pour extérioriser les petits bobos de la vie. » Durant sa rééducation, elle expérimente la natation et le tennis, avant de se tourner vers le basket-fauteuil à Lyon en 2002 sur les conseils d’un ami. Une révélation. Six mois plus tard, elle se voit proposer des stages en équipe de France féminine puis intègre le Club handisport forézien, dans lequel elle s’épanouit pleinement. S’ensuivent sa première sélection en équipe de France, en 2013, et plusieurs championnats internationaux, couronnés d’une qualification à Worcester en 2015, « le ticket d’entrée pour les Jeux paralympiques ». L’ailière des Bleues est fière d’avoir participé aux Jeux cet été et de maintenir leur huitième place, l’objectif premier fixé par l’entraîneur forézien Pascal Montet. Même si elle aurait aimé que l’équipe brille encore plus haut ! Qu’importent également les sacrifices que lui ont valus ses performances. Comme de nombreux compétiteurs aux Jeux paralympiques, Perrine n’est pas joueuse professionnelle. Ces deux dernières années se sont donc partagées entre son poste de banquière à Lyon et sa préparation sportive. Un rythme effréné et une dualité qui l’ont paradoxalement aidée à conserver son équilibre : « Mon travail m’a permis de me recentrer et de déconnecter du basket. » L’après-Rio lui permettra de renouer avec ses deux autres passions, les voyages et le wakeboard, tout en continuant à venir s’entraîner dans la Loire au Club handisport forézien. « C’est ma deuxième famille. Physiquement, ce n’est pas évident tous les jours, car le club est mixte. Mais les hommes m’aident à aller chercher plus loin mes limites. » Un dépassement de soi qu’elle aimerait susciter chez des sportifs qui s’ignorent « pour les inciter à surmonter leurs propres barrières », ne serait-ce que pour une pratique de loisir. « Si un seul en éprouve l’envie, j’aurai gagné ! » En attendant, elle a des projets plein la tête. Qui sait, peut-être rêve-t-elle déjà des prochains Jeux…
Le saviez-vous ?La délégation ligérienne était venue en force à Rio : aux côtés de Perrine Coste étaient présents l'entraîneur forézien et national Pascal Montet, la mécano-manager Anne Filice, elle aussi licenciée du club de Feurs, et la championne de basket en fauteuil Kathy Laurent, originaire de la Loire. |
>> En 5 dates
2002
Découverte du basket-fauteuil
2005
Licenciée au Club handisport forézien
2013
Sélection en équipe de France féminine
2014
Championnat du monde de Toronto (8e place)
2016
Jeux paralympiques de Rio (8e place)
Crédits photos : Hubert Genouilhac - Grégory Picout