[PORTRAIT] IL VIENT D'ICI
Bernard Lavilliers une icône de Saint-Étienne et de le mine, le chanteur baroudeur de "Idées Noires", "Les mains d'or", "on the road again"... est de retour le 6 août pour le Foreztival. Mais nous avait-il vraiment quittés ? Interview Parcours.
Vous avez fait le tour du monde et voyagé des années, quelles places tiennent encore SaintÉtienne et la Loire dans votre inspiration ?
Ça s’entend dans mes chansons... Saint-Étienne, en tant que ville ouvrière et puis mes amours de jeunesse. La première école maternelle où j’ai appris à lire dans les vieux quartiers de Villeboeuf et puis les alentours, parce que dès qu’on sort de cette ville, qui était un peu grise et noire, on est dans une nature absolument extraordinaire. Donc ça tient toujours, ce n’est pas de la nostalgie, ce n’est pas une comparaison… Oui, ma région reste dans ma vie, dans mes vieilles photos aussi, c’est quelque chose de très important dans mon inspiration.
Quels compagnons de route locaux gardez-vous en mémoire de vos années de jeunesse, quelles rencontres vous ont marqué ?
Alain Meilland, qui est devenu chanteur. On s’est revu au Printemps de Bourges d’ailleurs, plusieurs fois. Quand j’étais au collège, j’avais un ami qui s’appelait Jean-Claude Monnet, un très beau mec, dont le père était comédien et l’idée de fréquenter un comédien me plaisait bien. Jean Dasté qui était le patron de la Comédie de Saint-Étienne, m’a fait découvrir un monde complètement mystérieux qui me transportait. Le fait de jouer devant un public, je trouvais ça incroyable...
Quelle place occupe l’album « O’Gringo » dans votre discographie ? Et pourquoi cette envie de le revisiter ?
C’est ma carte de visite en fin de compte ! J’ai abordé dans cet album toutes les musiques qui m’intéressaient, j’en ai découvert d’autres par la suite, bien sûr. « O’Gringo », c’est une sorte de fête, j’ai écrit sur place et j’ai voyagé pendant un an dans les endroits qui meplaisaient musicalement, la Jamaïque, New York,puis dans mon pays favori le Brésil, avant de revenir à Paris. Le Gringo, c’est tout un tas d’expériences, de rencontres… Enfin, c’était la première fois que je produisais moi-même avec un directeur artistique, des arrangeurs, compositeurs et auteurs. Ça a été la grande liberté pour moi « O’Gringo »
Laquelle de vos chansons incarne ou décrit le mieux ce que vous avez envie de raconter du territoire ?
« Saint-Étienne », que j’ai écrit dans les années 1970, est une chanson qui raconte la ville à une certaine époque. Quand on la confronte avec « Je tiens d’elle », la chanson que j’ai faite avec Terrenoire, qui est une autre forme d’écriture, on a toute la ville, c’est ce que je ressens. Après, il y a toujours des forges et des laminoirs dans beaucoup de mes chansons, il y a aussi beaucoup de ports… Saint-Étienne est loin d’être un port mais en revanche il y a pas mal d’histoires d’acier, il y a beaucoup de chaleur stéphanoise dans mes chansons. J’aime le soleil et la chaleur mais il n’y a pas que ça, il y a aussi cette espèce de transformation des métaux qui m’attire.
Écrire, répéter, enregistrer… Qu’est-ce qui vous procure le plus de plaisir actuellement ?
Dans l’ordre : ne pas trouver de sujet pour écrire, c’est la torture, et avoir fini d’écrire, c’est le bonheur ! Enregistrer en studio, c’est bâtir tout un univers, la musique du film en gros, avec des styles musicaux précis ou pas, ça dépend, ça c’est la trace. Et répéter, c’est un vrai travail de précision, mais il ne faut pas oublier qu’on s’amuse beaucoup malgré tout.
>> En 5 dates
1945: Naissance à Saint-Étienne de Bernard Oulion, d'une mère institutrice et d'un père ouvrier syndicaliste, ancien résistant.
1968: Premier album "Chanson pour ma vie" de Bernard Laviliers.
1980 : Album O'gringo, aux rythmes reggae, salsa et brésilliens. Disque de platine.
2021 : "Sous le soleil énorme", 23è album.
6 août 2023 : Il se produit à Trelins pour le Foretival.