[C'EST DANS L'ACTU] ASSE : l'équipe en première division

Seize jeunes handicapés pratiquent à L'Étrat le foot fauteuil sous les couleurs de l’ASSE. Tous évoluent entre la 4e et la 1re division avec un objectif pour les meilleurs : intégrer l’équipe de France.

 

Retrouvez tous les articles du Loire magazine 159 - janvier-février 2024 en version audio dans la bibliothèque de podcasts. Ce contenu vous est proposé en lien avec l'association "Donne-moi tes yeux".

L'entraînement a débuté par une série de passes. Les ballons circulent vite. Parfois l’un s’égare, roulant aux pieds de Lionel Potillon. « Ces joueurs appartiennent au club, au même titre que les pros, signale le directeur d’ASSE Cœur vert, un regard pour Maxime, Alexandre, Pierre et Dylan. Nous avons pour eux les mêmes égards, les mêmes exigences ». Leur singularité : une forme lourde de handicap.

Victimes d’infirmité, de myopathie, les sportifs se retrouvent deux fois par semaine sur le PVC du gymnase Gabriel-Rouchon. Un rythme imposé par la D1 auquel tous souscrivent de bonne grâce. « Le groupe est plus fort cette année », estime Maxime, capitaine, 25 ans, par lequel tout a commencé.

Des fans inconditionnels

Ce transfuge de l’Aisne découvre l’ASSE tout gamin. Son père, fan de la première heure, suit les déplacements du club à Lens et Nancy. Gros « consommateur de foot télévisé », l’enfant demande à voir le Chaudron. La famille se transporte en vacances dans les travées de Geoffroy Guichard. « T’imagines, papa, si tu travaillais ici ? », se prend à rêver le gosse près de Christophe Galtier. L'entraîneur se retourne, parle d’une solution : le club cherche un responsable maintenance. Pascal Brousmiche dépose son CV et convainc Roland Romeyer. On annonce la nouvelle à Maxime pour Noël.

Parents et fratrie quittent la Picardie pour emménager dans les locaux du centre de formation (l’emploi comporte une mission de gardiennage). Le jeune infirme vit désormais près de ses idoles. Mais c’est à Saint-Just-Saint-Rambert qu’il est contraint de pratiquer, sous un maillot orange. Drôle de couleur pour un supporter de l’ASSE, plaisante un jour Roland Romeyer. « Créez une section foot fauteuil et je serai en vert tous les samedis », s’amuse le néo-Ligérien. « Et puis l’idée a fait son chemin », replace le capitaine qui frappe en 2016 à la porte de Lionel Potillon entouré de quatre camarades.

Un modèle unique en France

« On n’y avait encore jamais pensé », reconnaît le directeur d’ASSE Cœur Vert. Eovi se montre intéressé. Le sponsor investit massivement. Dès la première année, le club s’équipe de cinq fauteuils électriques. Une deuxième équipe est créée puis une troisième, axée loisirs et jeunes talents, quand les deux de tête n’ont qu’un objectif : la compétition. « S’ils viennent ici, c’est pour gagner », glisse Lionel Potillon.

Formé à l’encadrement, Pascal Brousmiche endosse l'habit de coach. Son épouse, Sylvie, gère la logistique.

 

Chaque déplacement est un périple. Nous avons acquis un véhicule de transport spécifique.

 

Frais d’hôtellerie, de matériel… Tout est pris en charge par l’ASSE. « C’est un budget de 40 000 à 60 000 € par an, confie Lionel Potillon espérant susciter l’émulation. Car l’ASSE est le seul club professionnel français à disposer d’une équipe de foot fauteuil. » Maxime lui en sait gré. « Porter le maillot, c’est à la fois une fierté et une grande responsabilité ».

 

© Hubert Genouilhac

Printer-friendly version - New tab Envoyer à un ami Haut de page :