[INITIATIVE] Industrie textile : l'Asie n'aura pas le dernier mot

Les Tissages de Charlieu font le pari du Made in France.

  

Retrouvez tous les articles du Loire magazine 160 - mars-avril 2024 en version audio dans la bibliothèque de podcasts. Ce contenu vous est proposé en lien avec l'association "Donne-moi tes yeux".

On le dit philanthrope... Il goûte le compliment. Le patron des Tissages de Charlieu s’est donné une mission : produire en France des tissus accessibles et décarbonés. Et pourquoi pas ? On dit que le cœur de Charlieu battait au rythme des métiers Jacquard dans les plis du 20e. Beaucoup n’ont pas résisté à la concurrence asiatique. Mais on tient le coup rue Dorian. 120 ans que les murs se font l’écho du fameux bistanclac.

« Nous ne sommes que la partie immergée d'un incroyable iceberg », aime à dire Éric Boël, aux commandes depuis 1997.

La pandémie a marqué pour l’usine un tournant. Le 17 mars 2020, alors que décision est prise, contre tout avis réglementaire, de mettre l’outil industriel au service de la production de masques, gareurs et noueurs n’imaginent pas la folie à venir : appels de détresse des services hospitaliers, embouteillage aux portes du site, échanges avec le ministère, rotations d’hélicoptères…

Le covid jugulé, l’élan est retombé. Un autre porte désormais l’équipe, placée sous la direction d'Antoine Saint Pierre. Les métiers travaillent pour l’habillement, mais aussi, c’est nouveau, la grande distribution.

Sacs de courses

Soustraite aux regards extérieurs (secret de fabrique), une armée de robots fait dans le tissage 3D : 10 millions de sacs sortent annuellement des lignes, à destination des magasins Auchan et Système U. Le contrat, signé en 2021, a fait de LTC le leader français du marché.

Le patron n’a de cesse de pousser le curseur : il faisait appel à des chutes d’étoffes industrielles pour assembler ses cabas. Pourquoi ne pas réemployer les déchets des particuliers ? Une usine de tri vient d’ouvrir à Amplepuis en partenariat avec Synergies TLC. Une autre d’effilochage à Laval.

 

Pour faire de nos placards des champs de coton.

 

Les synergies ont permis d’embaucher 70 salariés (ils sont 140) et de booster le chiffre d’affaires (20 millions d’euros) alors qu’on s’attaque à Charlieu au défi des temps modernes : l’effet de serre. « Nous permettons, se rengorge Éric Boël, l’économie de 70 000 tonnes de CO2 par an ».

 

© Tissages de Charlieu

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