[INITIATIVE] Le goût des autres
L’ouverture d’un restaurant inclusif est prévue en septembre 2024 à Saint-Étienne. En cuisine et en salle : des personnes atteintes de Trisomie 21.
Retrouvez tous les articles du Loire magazine 160 - mars-avril 2024 en version audio dans la bibliothèque de podcasts. Ce contenu vous est proposé en lien avec l'association "Donne-moi tes yeux".
« Il faut ritualiser, expliquer, réexpliquer, distribuer pas mal de câlins. Mais je ne pouvais rêver meilleure façon de transmettre mon amour de la cuisine ». Cinq jeunes commis entourent ce jour Patricia Bonnard, occupée à réaliser une salade d’oranges. « Qui se sent de prendre un grand couteau ? » interroge le chef, un regard pour Alexia et Fabien. Les deux jeunes entreprennent de peler les agrumes. Leurs camarades observent.
Trisomiques ou déficients intellectuels, tous sont résidents permanents de la maison Parm qui porte pour ses pensionnaires un projet d’envergure : l’ouverture, en septembre, d’un restaurant.
Des initiatives similaires rencontrent déjà le succès du côté de Paris (La Belle étincelle) ou de Rennes (bassin originel des Cafés joyeux). À Saint-Étienne, l’enseigne portera le nom de Chromosome.
« L’objectif est double, indique Emmanuel Bailleux, président de l’association éponyme. Penser une activité adaptée, à défaut d’emploi, pour nos jeunes déclarés en incapacité de travail et créer la rencontre avec le grand public ».
Un menu unique pour le déjeuner
« Ils sont gourmands, ont le sens de l’accueil. La restauration est faite pour eux », s’enthousiasme Patricia Bonnard jusqu’ici spécialisée dans le catering pour le milieu artistique. « Nous travaillons en cuisine depuis un an. À l’ouverture, nous serons en mesure de sortir un menu quotidien. »
Une quarantaine de bénévoles aideront à l’encadrement de l’atelier-école dont les équipiers se relayeront aux fourneaux et au service. L’association prévoit d’investir 200 000 euros dans un bâtiment ancien. « Les recherches sont en cours. Deux lieux ont été ciblés. Les équipes sont prêtes et impatientes », souligne Emmanuel Bailleux. On en salive d’avance.