[ÉCHAPPÉE BELLE] Mines d'or et d'antimoine de Bissieux : à la conquête de l'Est
La mine d’or de Bissieux fait l’objet de visites depuis 20 ans. Une pépite dont l’existence fut longtemps jugée mythique. Bordée, qui plus est, d'une mine d'antimoine.
Publié le 4 novembre 2024
Ce contenu vous est proposé en lien avec l'association "Donne-moi tes yeux".
Un conte de bonne femme, disait la rumeur. Rien de plus sérieux, sourit Michel Pouzadoux. Rendez-vous a été pris, cet après-midi, sous la chapelle de Chagneux à Saint-Joseph.
Mine d'or
Exhumée de l’oubli en 1994, la mine d’or de Bissieux s’ouvre dans le talus sur plus de sept mètres et possède toutes les caractéristiques d'une galerie Renaissance : niches de lumière et front de taille en ogive. « Parce qu’à l’époque, on creusait à la main, donc à l’économie », indique le président de l’association de sauvegarde.
Pharmacien de métier, aujourd’hui salarié de l’École des mines, le Saint-Joséphois a longtemps fouillé le sol et les archives. De l’histoire, il sait tout.
En 1599, la mise au jour fortuite d’un « caillou tout broché d’or » revient à un paysan, occupé dans ses vignes. L’échantillon suscite l’intérêt d’un avocat lyonnais, Pierre Matthieu, proche de la Couronne. Le roi dépêche aussitôt des Germanistes (il n’est pas meilleurs ouvriers sous le règne d’Henri IV pour marteler la terre).
Le filon est de bonne composition. On fond 42 médailles, offertes à des ambassadeurs suisses dans le cadre du traité de Soleure. On extrait jusqu’à 3 kg de métal et puis, fin de l’aventure. En 1625, la Loire a tout donné. N’imaginez pas y prospecter. Il n’y a plus rien à prélever. Le site archéologique, grillagé pour raison de sécurité, n’en reste pas moins de grande valeur (il est classé). « Une exception française », souligne Michel Pouzadoux.
Mine d'antimoine
Fait original, 600m plus au nord, le boyau a son petit frère. Pas d’or ici mais de l’antimoine. Et une galerie autrement mieux conservée.
Percée en 1910, elle devait alimenter les milieux pharmaceutiques, armuriers, les chemins de fer et la marine. « Mais la demande en concession de la Compagnie minière lyonnaise fut abandonnée par manque de rentabilité », glisse Michel Pouzadoux.
Deux fois l’an, l’association en déverrouille l’accès pour guider le public jusqu’à l’ancien puits Peysselon.
L’eau ruisselle dans les ténèbres. Les voix résonnent. Des monceaux de boue étreignent les semelles. Stalactites d’oxyde de fer et moustiques momifiés luisent au passage des frontales, accaparant les murs défruités. Les curieux s’enfoncent sur 150 mètres ; ils sont nombreux – des dizaines, des centaines même- séduits par le mystère des lieux.
Abstraction faite de ces temps forts, la prudence condamne petits et grands à demeurer en extérieur. Mais une balade offre de quoi ravir tout le monde. Une sente, aménagée par l’association, fait le lien entre patrimoine Renaissance et XIXe.
Infos pratiques
Y ALLER
Sur la commune de Saint-Joseph, à 4 km de Saint-Martin-la-Plaine. Depuis le centre bourg, suivre la Route de la mine d’or. Possibilité de stationner au hameau de la Combe. L’itinéraire est référencé et détaillé sur le site altituderando. com sous le nom de « sentier des mines ».
VISITER
La mine d’antimoine est ouverte pour les Journées de d’archéologie en juin et les Journées du patrimoine en septembre. Le restant de l’année, possibilité d’observer les galeries depuis l’extérieur mais aussi de braver l’obscurité de la dynamitière (ancienne poudrière), en accès libre.
SE RESTAURER
Café cerise 04 77 75 81 46
SE LOGER
Relais de Navon, à Saint-Joseph
relaisdenavon.fr
Yac’aventures, à Dargoire
yacaventures.com
© Hubert Genouilhac
Renseignements
TOUTES LES SORTIES DANS LA LOIRE