
[DOSSIER 2/4] Jamais sans le canal
Yvan Ogier élève 75 laitières à Champdieu. 130 hectares de cultures reliées au canal du Forez contribuent à nourrir ses bêtes.
Publié le 26 mai 2025
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Sans eau, aurait-il fini sur la paille ? « C'est une certitude », assène Yvan Ogier, éleveur laitier à Champdieu, au souvenir de l’été 2022. « Il aurait fallu se séparer des vaches, faire une croix sur deux revenus (il a deux associés, N.D.L.R) et comment reconstituer ensuite un cheptel ? » Invisible depuis ses parcelles, le canal du Forez laboure la plaine à deux kilomètres de distance.
Historiquement alimentées par gravité, ses terres bénéficient aujourd’hui d’aménagements modernes et enterrés. Montés en Asa (association syndicale autorisée), 80 propriétaires irrigants ont investi 3 millions d’euros en 2014 (dont 25 % apportés par le Département) dans la création d’une station de pompage accolée au canal, 35 kilomètres de canalisations et 32 bornes d’irrigation.
L’irrigation, aujourd’hui, c’est une assurance vie.
Éleveurs céréaliers, maraîchers, horticulteur, pépiniéristes… « Treize exploitations ont leur siège sur le périmètre, précise Yvan Ogier, président de l’Asa. Mais nous comptons aussi parmi nos membres une dizaine de fermes plus éloignées », gaec installés dans la montagne qui tiennent à conserver « en bas » quelques hectares de céréales ou de maïs.
« Ils se constituent ainsi un stock de sécurité, glisse le président. Car l’irrigation, aujourd’hui, c’est une assurance vie ».
Connectés aux bornes, bon nombre d’enrouleurs sont mis en route dès le 1er avril. Une nécessité pour tenir le rythme de l’agriculture biologique. « Je n’achète plus de pesticides, je n’importe plus de soja du Brésil, explique Yvan Ogier, converti en 2022. Mes bêtes se nourrissent de trèfle et de luzerne (il en possède 30 hectares, N.D.L.R). Mais ces cultures demandent de l’eau dès le printemps ».
Pas question de gaspiller pour autant. « Il m’en coûte 11 centimes du m3, sans compter les charges fixes pour rembourser l’emprunt souscrit par l’Asa et payer la maintenance. En moyenne, cela représente un budget annuel de 35 000 €. Autant vous dire que chaque tour d’eau a son importance. Personne n’irrigue pour le plaisir ».
© Hubert Genouilhac
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